INTEMPORELLE DAME

MAGGIE SMITH

Par Coline LEROY, ©Getty

Il existe de ces actrices dont l’intemporalité se cimente sans lutte. Dame Maggie Smith nous a quitté hier à l’âge vénérable de 89 ans.

Notre génération l’a découverte avec la saga Harry Potter, dans laquelle elle campe l’implacable et tendre Minerva McGonagall. Pour d’autres, c’est son rôle de Comtesse Douairière dans Downtown Abbey qui restera gravé dans les mémoires. Malgré une reconnaissance internationale cinématographique qui s’opère sur le tard, c’est au théâtre qu’elle s’illustre dans les années 60.

Née en 1934 à l’est de Londres, elle s’installe d’abord sur la scène britannique comme comédienne avec la Royal Shakespeare Company et le National Theater. L’arrivée de la consécration sur grand écran lui vaudra un premier Oscar en 1969 pour son rôle dans The Prime of Miss Jean Brodie.

Le reste suivra naturellement.

Maggie Smith gagnera deux Oscars, six BAFTA, quatre Emmy’s, trois Golden Globes et un Tony pour 108 nominations au total.

Malgré l’impact inégalé que les 8 Harry Potter ont eu sur mon enfance, le rôle de Maggie Smith qui m’a le plus marqué est celui de Jean Horton dans Quartet (2012) au côté de son amie et acolyte de toujours : Dame Judi Dench. Maggie Smith y signe son rôle le plus attendrissant, le plus vrai, le plus vulnérable (toujours avec un humour très chic). Un rôle sur la vieillesse, sur la gloire passée et sur la mémoire.

La longévité des actrices dans le cinéma est fragile. Il est rare qu’une femme s’établisse à l’international passés ses 60 ans plutôt que dans la fleur de la vingtaine. Il est encore plus rare que sa carrière dure jusqu’à sa mort. Pourtant Maggie Smith est l’une des exceptions à la règle. Quartet (2012) aborde tout ce qu’elle aurait pu connaître si sa célébrité l’avait propulsée sur le devant d’Hollywood en 1970. Et pourtant, c’est tout ce qu’elle n’est jamais devenue.

Alors que retenir de Dame Maggie Smith ?
Son amplitude de jeu probablement, son humour délicieusement pince sans rire et british, sa voix, son accent. Ses yeux. Une certaine authenticité, probablement.

Maggie Smith est un peu devenue une grand-mère dans chaque foyer qui a accepté de l’accueillir en regardant ses films.
Aujourd’hui, le Cinéma et le Théâtre sont en deuil, mais il me semble que certains d’entre nous également. Maggie Smith qui part, c’est une légende qui naît. 

Coline LEROY, 23 septembre 2024