Milieu de la mode, réseaux sociaux, ville des Lumières: Rencontre avec Vogue By Malek

Par Romane LAFOSSE-MARIN, Courtesy of Rodrigues Loïc @kraaps__

Les réseaux sociaux occupent désormais une place incontournable dans tous les secteurs artistiques et culturels. Curieuse d'explorer les liens entre la mode, internet et Paris, l’équipe de Somare a rencontré Malek, mieux connu sous le pseudonyme "Vogue By Malek". Influenceur, mannequin et chanteur, Malek est l'un de ces talents polyvalents qui incarne parfaitement l'essence de la capitale. Avec son style unique et son aura solaire, il a accepté de répondre à nos questions dans un café du 6e arrondissement.

Tu es un personnage aux mille facettes, très polyvalent. Pour que nos lecteurs et lectrices te comprennent mieux, on va commencer par dessiner tes top 3 dans un question/réponse. Commençons: tes trois sources d'inspiration?

Malek: L’Algérie, les films d’Almodovar, Vogue

Trois marques dont tu ne te lasseras jamais:

M: Balenciaga, Rick Owens, H&M studio

Trois mots pour définir ton identité:

M: Célébration de soi, authentique et toujours Vogue

Trois mots pour définir Paris:

M: Belle, éclectique, Art

Trois chansons qui t’inspirent:

M: Troy Sivan “Bloom”. Camelia jordana “dhauw” et Witney Houston “I wanna dance with somebody”

Pour finir, trois pièces indispensables de ton dressing:

M : Des lunettes, un beau manteau en fourrure, et une belle paire de bottines à talons.

Au-delà de la façade des réseaux, tu as un esprit créatif et une réflexion très personnelle sur ce qui t’entoure. Aujourd’hui on aimerait ton avis sur des questions plus profondes. Tu n’es pas né à Paris et on peut même dire que tu n’as pas commencé ta carrière ici. Qu’est ce que tu es venu chercher dans la capitale ? Qu’est ce qu’incarne la ville en général ?

M: Paris pour un esprit créatif, ça incarne l’Histoire. On y retrouve beaucoup de figures emblématiques et de “success story”. Paris c’est aussi une grande ouverture au niveau de la culture. Il y a cet esprit de gravir les échelons dans le domaine. Ce qui est joli à vivre et à expérimenter !

Parlons des réseaux sociaux. Aujourd'hui, les tendances éphémères,“trend”, accélèrent le rythme de la mode. Notamment à Paris. Pour toi, est-ce une richesse ou un risque en tant qu’influenceur ?

M: Déjà, je suis un fervent défenseur de mon métier et je pense qu'il faut s'adapter aux tendances et les utiliser intelligemment. Selon moi, il y a deux catégories de personnes : ceux qui suivent uniquement les tendances et ceux qui ont leur propre style. Je me place dans cette deuxième catégorie.

Autrement dit ?

M: Autrement dit, peu importe l’époque dans laquelle j’aurais vécu, même avant l'ère des réseaux sociaux, je crois que j’aurais toujours eu mon propre style. Suis-je dépendant des tendances ? Non, je ne pense pas. Est-ce qu’elles me font peur ? Non plus. Même si on dit que la mode est cyclique, le fait qu'elle soit réinventée à chaque époque, qu'elle crée des tendances, rend ce processus inépuisable.

L’année dernière tu as défilé pour la Paris Fashion Week. Cette année on imagine que tu as aussi des projets, tu as également sorti ton premier single... Est ce que tu aimerais continuer sur cette lancée et transcender le côté influenceur ?

M: Grave ! C’est mon rêve. J’aime dire mon rêve mais il ne faut plus dire “rêve” mais « projet », car maintenant c’est du concret.

Selon toi, la mode est-elle « miroir de la société » ?

M: Une partie oui, à moitié, on va dire. Car même si certaines personnes nous disent "sur les trottoirs, les fashion", on s'en fiche ; au moment où tu te lèves le matin et que tu t'habilles, tu as un ADN de mode en toi. C'est un espace sécurisant dans la société, un miroir qui reflète tout le monde. Chacun peut y être représenté. Tu choisis des pièces que tu aimes, qui te représentent, qui te correspondent à toi et à ton époque d’une certaine manière. Toutefois, il est important de distinguer "mode" et "milieu de la mode".

C'est-à-dire ?

M: Le milieu de la mode est souvent une niche minoritaire et élitiste, qui n’est pas nécessairement le reflet de la société. Prenons par exemple le mouvement body positive : cela fait des années que l’on milite pour faire défiler des corps différents de celui du stéréotype de la mannequin fine, voire maigre, pour que chacun puisse se sentir représenté. Bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore du chemin à parcourir. Un peu plus de progrès et de diversité dans le milieu ne serait pas de refus.

En tant que personnalité très engagée, il y a-t-il un préjugé à déconstruire sur le milieu de la mode ?

M: Ce qu'il faut déconstruire, c'est le milieu lui-même. Comme je le disais, il est temps de dépasser l'idée qu'il faut être grand ou mince pour défiler. Il doit y avoir toutes les formes, toutes les ethnies, toutes les silhouettes. L'intégralité des possibilités doit être représentée. En tant que créateurs de contenu, nous avons un rôle à jouer là-dedans. On le voit bien avec des personnes comme Léna Situation, qui ont rendu la mode accessible à toutes et à tous. Le milieu de la mode doit s'ouvrir et évoluer avec son temps.

Merci Malek d’avoir répondu à nos questions, on te souhaite le meilleur pour l’année à venir et on espère te voir dans tous les lieux où la mode et la créativité s’invitent.

Romane LAFOSSE-MARIN, 30 septembre 2024